Air Algérie : pourquoi les vols depuis la France affichent complet en plein hiver

Il s’agit là d’un phénomène nouveau. Des avions d’Air Algérie décollent au départ des aéroports français à 100 % de leurs capacités, et ce, un jour de semaine, hors période de vacances et de fêtes, c’est-à-dire en basse saison. C’est le cas depuis le début du mois de janvier.

Après les vacances d’hiver où il était difficile de trouver des billets sur les vols d’Air Algérie, on pensait que la tension allait tomber après le nouvel an 2024. Et bien ce n’est pas le cas.

Pour expliquer ce phénomène, certains mettent en cause les passagers subsahariens en transit de et vers la France via le hub d’Air Algérie à l’aéroport d’Alger. D’autres avancent une autre explication tout aussi valable.

Une bonne partie des voyageurs sur les lignes entre la France et l’Algérie de la compagnie aérienne algérienne en cette période hivernale sont des binationaux franco-algériens.

Bon nombre de ces voyageurs franco-algériens font de leur double nationalité un véritable atout économique. En effet, alors que leur passeport vert (algérien) leur permet d’entrer en Algérie sans visa, le rouge (français) leur donne la possibilité de repartir en France à souhait, également sans aucune restriction.

À cette libre circulation, ils ont ajouté un caractère commercial, ramenant avec eux plusieurs articles et objets de France, pour les revendre en Algérie qui a durci considérablement les conditions d’importation des produits étrangers comme le chocolat, les fromages, les téléphones mobiles, les pièces de rechange automobile, les vêtements, les articles de beauté pour les femmes, etc.

En gros, ils font ce qu’on appelle du commerce de cabas ou de l’import-export informel sans avoir besoin de conteneurs ni d’avion-cargo, mais seulement d’un billet aller-retour d’Air Algérie.

Air Algérie : les commerçants informels remplissent les avions en basse saison

Ceci dit, ces nouveaux trabendistes ne sévissent pas que sur le réseau France, mais aussi sur les vols Alger-Istanbul et Alger-Dubaï, où la franchise bagage de la compagnie nationale est de 46 kilos en soute (deux pièces de 23 kg chacune, en plus d’un bagage cabine de 10 kg), au lieu de 23 kilos sur les autres vols. Une aubaine pour les jeunes et les commerçants qui ramènent toutes sortes de produits pour les écouler au prix d’or en Algérie.

De plus, s’il y a des trabendistes qui font eux-mêmes le travail, d’autres essaient d’élargir leur réseau. Il y a ceux qui recrutent à demi-mot dans les aéroports, proposant aux passagers « d’acheter leur poids », ce qui veut simplement dire qu’ils leur proposent, contre de l’argent, de ramener des bagages en Algérie.

D’autres trabendistes n’hésitent pas à voir plus grand, recrutant des petits « mulets », et les envoyant à Istanbul et à Dubaï, tous frais payés, les chargeant ainsi de transporter pour eux la cargaison convenue.

Cette catégorie de voyageurs a d’ailleurs été dénoncée à plusieurs reprises par les autres passagers, les accusant de mettre la pagaille dans les files d’attente pour l’enregistrement et même à bord des avions, ou font preuve parfois d’incivisme.

La multiplication des commerçants informels sur les vols d’Air Algérie a fait apparaître une autre contrainte pour les autres passagers. À l’aéroport d’Alger, les douaniers contrôlent au scanner les bagages de tous les passagers.

Une fois les contrôles de police effectués, les voyageurs doivent passer un dernier contrôle douanier où ils sont obligés de faire passer leurs bagages à main ainsi que leurs manteaux et autres effets personnels par le scanner, ce qui exaspère les autres passagers.

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